Il était une fois dans une grande vallée
Un homme que l’on nommait l’étrange Lenvernois.
Ce qu’il avait d’étrange ? Ne rien faire à l’endroit.
Chaque fois qu’il le devait il faisait à l’envers.
Le malheureux cherchait à s’en défendre, en vain,
Il aurait bien aimé prendre le droit chemin,
Mais chaque fois, malgré lui, il s’en détournait.
A force d’habitude il s’en fit une raison
Et négligea dès lors de faire le moindre effort
Pour changer cet état de meilleure façon.
Et c’est ainsi qu’un jour de l’an 1210
Arrivèrent en son pré une cohorte d’hommes
Délégués du village, représentants des sages :
– Lenvernois, tu deviens un danger pour Louris
Car les enfants, vois-tu, ont décidé, en somme,
De jouer de tes tares en copiant tes adages.
Tant que ceux-ci restaient extérieurs aux demeures
Le risque était moindre de les rendre tarés
mais depuis quelques temps ils ont pénétré
L’intérieur des masures amenant la terreur.
Comprend que ton devoir est de quitter la plaine
Pour préserver le peu qui vit en ces contrées !
Allaient-ils compatir à son sort, à sa peine ?
Ils le jetèrent au loin, ne prirent garde à son cœur.
Et c’est en reculant qu’il se vit éloigné
Avec tant de regrets de sa terre fertile.
Mais son âme en exil dut bien se résigner
A marcher et marcher espérant en chemin,
Où l’état en implore, un chaleureux pays,
Une nation entière et qui l’accueillerait.
En attendant ce temps il rencontre soudain
Un troupeau de bison, quel étrange animal
Jamais vu jusqu’alors dans toute la région !
Alors ils s’apprivoisent, essaient tant bien que mal
De créer le moyen de vivre à l’unisson.
Mais un jour fatigué de toujours inverser,
Fatigué de pleurer pour se deviner rire,
Fatigué de souffler pour se désaltérer
Il laisse la nuit venir et le faire disparaitre.
Mais il n’est pas si simple quand on est à coté
D’arriver à ses fins, mais plutôt d’une fille
Engendrée au matin, se découvrir père.
Maladroit, pour bien faire, il ne prend pas l’enfant
Dans ses bras pleins d’amour pour qu’elle ne choit pas
Et de loin il surveille tout en lui relatant
Des centaines de contes où l’homme connait le droit.
Ainsi elle s’éduque et un soir de pleine lune
Lenvernois, comédien, s’assit en bon endroit.
Après seaux de sueur il découvre la joie
D’être comme sa fille mi-en mer mi-en dune
Et seuls, en phénomènes, ils voyagent sur la Terre
Où germent leurs petits comme eux mi-blanc, mi-noir,
Qui pour se rattraper racontent des histoires.
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